Je cours. Vite, loin de ses paroles. Je me stoppe. Dans la forêt. Je hurle ma douleur. Les larmes coulent. Ma voix s’éraille. Mes jambes me lâchent. Je sanglote. Les souvenirs reviennent. Sa voix, ses murmures, ses baisers, son toucher, ses yeux. J'ouvre la bouche. Mes yeux s'écarquillent. Et je crie à nouveau. J'entends des pas. Une voix. Mes pleurs redoublent. C'est la sienne. Il s’arrête. Il se fige. Devant le tableau qu'il a peint. Il murmure mon nom. « Lucian » sa voix est brisé. Comme moi. Il tend la main. J'hésite. Je lève les yeux. J'espère. « Tu m'aimes . » Ma voix aussi est brisée. Il hoche la tête. Sa main est froide. Je passe au travers. Mes yeux s'écarquillent. Les larmes retombent. « Non ! » Je hurle. Il me regarde. Souris pauvrement. Les yeux brillants. Ma main tord le papier. « Non ! » Je crie encore. Je tombe à genoux. « Non ! » Une litanie commence. « Non ! » « Non ! » « Non ! » J’arrête. Je m'endors. Il me surveille. Toute la nuit. Effrayant les animaux. J'ouvre les yeux. Je ne le vois plus maintenant. Il y a une croyance qui dit, qu'un mort peut rester les premières vingt-quatre heures de sa non-vie, avec la personne de son choix. Penser à lui me tire les larmes. Mon ventre se tord. Mes mains tremblent. Ma vue se brouille. Ma bouche s'ouvre dans un cri lancinant. Je cherche frénétiquement mon portable. J'ouvre son SMS. «J'aurais aimé t'aimer comme on aime le soleil, te dire que le monde est beau et que c'est beau d'aimer. » Je me rappelle de mon cœur battant à la chamade. Je me rappelle de mes appels frénétiques. Je me rappelle de ma nuit blanche, passée entre le bonheur d'une réciproque. Et l’inquiétude d'une absence. Je me rappelle l’appel de sa mère . De sa voix embrouillée. De ses pleurs brouillés. De ses mots. « Il est mort. » Je me rappelle de ma course. Effrénée. Dangereuse. Je me rappelle qu'à cet instant devant la porte de chez lui, m'être rappelé de tous nos moments ensemble en tant que meilleurs amis, en tant qu'amoureux. Je me rappelle m'être enfuis son mot à la main. Un de ces mots tendres, qu'on s'échangeait par post-it jaune sur le frigo de sa mère. Je fouillais mes poches. « Ne rêve pas, Lucian ! C'est moi ze best of mathematicas ! » Son écriture penchée. Élégante. Lui. Je me suis relevé. Longtemps après sa mort. Je me suis battu. Pour nos droits. Les droits des gays. Pour éviter qu'un autre mec subisse ma douleur. Celle infligée par les homophobes sur les homo sapiens.

Tout est à moi. Le plagiat n'est pas autorisé. 

La phrase : "J'aurais aimé t'aimer comme on aime le soleil, te dire que le monde est beau et que c'est beau d'aimer." N'est pas de moi ! elle proviens de la magnifique chanson "je veux qu'on baise sur ma tombe " de Saez 

Ce texte la viens d'un défi, mais il n'y a pas assez des mots donc je le poste ici ^^.